1 mars 2025

Plongée dans l’histoire viticole de l’Auxerrois : les grandes étapes d’un terroir d’exception

Les origines antiques : les premières vignes auxerroises

L’histoire viticole de l’Auxerrois trouve ses racines dans l’Antiquité romaine, où les premiers ceps auraient été plantés. Les soldats et colons romains en sont sans doute à l’origine, introduisant la culture de la vigne dans cette région au climat propice. Ce développement est étroitement lié à la fondation d’Autun et à l’essor des routes commerciales romaines, reliant la Bourgogne à d’autres pôles économiques.

Les sources historiques confirment que dès le III siècle, le vin produit dans les environs d’Auxerre était déjà connu. On suppose qu’à cette époque, la vigne était principalement cultivée pour satisfaire les besoins locaux, notamment ceux des riches villas gallo-romaines et des marchés proches, où le vin était un produit prisé.

Le Moyen Âge : l’apogée grâce à l’Église

Le véritable essor du vignoble auxerrois survient au Moyen Âge. À cette époque, l’influence religieuse joue un rôle déterminant. Les monastères, en particulier, sont à l’origine de nombreux progrès dans la viticulture régionale. Les moines bénédictins et cisterciens, grands amateurs de vin et tenants de son usage lors des célébrations liturgiques, défrichent les terres, plantent les ceps et expérimentent de nouvelles méthodes culturales.

Un fief emblématique des moines reste celui de l'abbaye Saint-Germain, à Auxerre, dont les vignes jouissaient d’une réputation notable. Le vin produit servait autant à alimenter l’Église qu'à être échangé ou vendu pour financer leur expansion. Les moines, véritables scientifiques amateurs, notèrent aussi l’importance des terroirs, pionniers en ce qui concerne la définition des qualités d’un sol selon la typologie de la vigne qu’il accueille.

Le XVII siècle : l’extension des vignobles et l’arrivée commerciale

Avec la fin du Moyen Âge et l'entrée dans l'époque moderne, le vignoble auxerrois connaît une nouvelle révolution. La consommation de vin n’est plus seulement le monopole des ordres religieux, elle s’étend à une population plus laïque, notamment grâce à la montée de la bourgeoisie. Au XVII siècle, les coteaux d'Auxerre s’étendent significativement : la production s’intensifie et devient plus stratégique.

Ce siècle marque également l’arrivée du pressoir collectif dans les villages, facilitant le travail de vinification et permettant aux petits producteurs de brasser leurs raisins en commun. Les campagnes sont rythmées par les vendanges collectives, qui trouvent légitimité dans un sens communautaire fort.

Le XIX siècle : entre apogée et crise

À son apogée, au début du XIX siècle, la région auxerroise compte près de 20 000 hectares de vignes. Une superficie impressionnante qui place ce terroir parmi les plus prospères de toute la Bourgogne. Les vins sont exportés grâce à des infrastructures de transport en pleine modernisation, notamment le développement des réseaux fluviaux sur l’Yonne. L'arrivée du canal du Nivernais participe également au rayonnement des vins locaux vers Paris.

Mais la prospérité est de courte durée. Le phylloxéra, ce redoutable insecte ravageur originaire d’Amérique, atteint l’Auxerrois dans les années 1870. L’impact est dévastateur : des milliers d’hectares de vignes sont détruits, et des décennies sont nécessaires pour reconstituer le vignoble. Le recours au greffage sur des pieds américains permettra de sauver l’essentiel des cultures, mais le désastre économique et social reste profond.

Le XX siècle : le renouveau du vignoble auxerrois

Au début du XX siècle, la viticulture auxerroise peine toujours à se relever. Avec moins de 1 000 hectares exploités, elle ne représente plus qu’une fraction de ce qu’elle était à son apogée. Les guerres mondiales secouent également le territoire, limitant la main-d’œuvre et ralentissant la reprise.

La véritable renaissance commence dans les années 1950. Portés par des vignerons passionnés et un regain d’intérêt pour les vins de terroir, de nouveaux projets voient le jour. Le vignoble de l'Auxerrois obtient des distinctions importantes, notamment son inscription dans les AOC (appellation d’origine contrôlée). En 1975, c’est la consécration pour l’appellation Bourgogne-Côtes-d’Auxerre, qui devient un symbole fort du savoir-faire local.

Le rôle du pinot noir et du chardonnay

Deux cépages emblématiques dominent alors la région : le pinot noir et le chardonnay. Ces vignes, adaptées au terroir bourguignon, sont travaillées avec finesse pour produire des vins aussi élégants qu’expressifs. Le goût des fruits rouges croquants et des notes florales des rouges auxerrois, ainsi que la fraîcheur équilibrée des blancs, séduisent les amateurs.

  • Le pinot noir reste roi, offrant des vins rouges aux belles structures tanniques et parfois des rosés délicats.
  • Le chardonnay brille quant à lui dans des cuvées à l’élégance subtile, mêlant arômes de fruits blancs et pointe minérale.

L’époque contemporaine : entre passion et préservation

De nos jours, le vignoble auxerrois continue de se distinguer par la passion de ses vignerons et leur attention à l’environnement. Si les surfaces cultivées n’ont plus rien à voir avec celles du XIX siècle, la qualité est plus que jamais au rendez-vous. Des domaines familiaux cultivent l’authenticité et l’excellence, proposant des cuvées élaborées dans une logique écoresponsable.

En outre, le développement de l’œnotourisme attire chaque année des amateurs de vin et de gastronomie dans cette région méconnue. Les balades dans les vignes, les dégustations à la cave et les rencontres avec les producteurs contribuent à faire vivre le riche patrimoine viticole auxerrois.

Le futur du vin auxerrois : innovation et tradition

L’histoire viticole de l’Auxerrois est un parfait mélange d’innovation et de tradition. Les vignerons cherchent aujourd’hui à valoriser encore plus leur terroir, tout en explorant de nouvelles méthodes de culture, face aux défis climatiques et environnementaux. Le passé a prouvé la résilience de ce vignoble ; gageons que son avenir saura mêler respect de son héritage et modernité.

Avec son histoire riche de rebondissements, de grands succès et de défis relevés, le vignoble auxerrois mérite pleinement d’être redécouvert. Amateurs de vin, curieux ou passionnés, il est temps de lever vos verres à ce terroir qui ne cesse de raconter une merveilleuse histoire.

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